Des clefs à comprendre à partir des techniques de construction des anciens. (article publié dans La géobiologie et vous avec l’aimable autorisation de l’éditeur)

Abbaye du Thoronet
Abbaye du Thoronet

L’architecture des anciens est totalement adaptée à son environnement et son micro climat.

les anciens attachaient  une très grande importance à l’implantation :

Les romains faisaient paître leurs moutons un an sur un lieu pressenti et étudiaient alors leurs viscères pour confirmer ou non le lieu d’implantation de leur cité ; c’est un fait bien connu.

Souvent, les cités, les sites sacrés dans leur ensemble donnent lieu à des implantations extrêmement savantes où les tracés régulateurs jouent un rôle majeur.

‘Voir le livre de J. Bonvin et R. Montercy Eglise Romane, Chemin de Lumière, Ed Mosaïque)

Les implantations dépendent de l’eau de points de vue tout autant physiques que symboliques.

La maximalisation de l’exposition au soleil, ou l’inverse selon le climat est, aussi une donnée importante.

Concernant les formes de l’habitat traditionnel (antérieur au XX e siècle) l’unité de base est très simple et généralement assez petite; lui sont ensuite accolés d’autres volumes, selon les besoins et les générations; la construction évolue donc ; on ne fige pas les choses une fois pour toutes, ce qui serait contraire à la vie . Aucune forme ou combinaison de formes, n’est agressive, et donc, la disposition des volumes ne génère aucune onde de forme nocive dans l’environnement  et notamment sur d’autres volumes.

Les végétaux complètent l’adaptation au lieu pour se protéger du vent et du soleil d’été ou réguler les échanges thermiques et hygrométriques.

Dans les terrains calcaires notamment, les eaux de pluie sont récupérées dans des citernes.

L’habitation proprement dite est souvent constituée d’une pièce unique, “la salle”, dont l’élément principal est le foyer. Dans ces maisons, encore debout ou même en ruine, la pierre de foyer est toujours sur un “point flamme” ( autres dénominations possibles selon les géobiologues ) le feu active alors ce point  particulier qui augmente alors le taux vibratoire positif du lieu et le sentiment de paix des habitants.

Quand plusieurs pièces composent l’habitation, il est souvent pratiqué un nomadisme saisonnier. Les pièces d’habitation ne sont donc pas mono-fonction.

D’un point de vue technique, la priorité de toute construction est de se protéger de l’eau et de l’humidité (le taux d’humidité relative est fondamental dans la notion de confort) l’humidité modifie les caractéristiques des matériaux et va jusqu’à les détruire, même la pierre.

Il est impératif de laisser respirer les matériaux,  notamment les murs de soubassement qui doivent pouvoir restituer à l’air extérieur l’humidité pompée dans les fondations; Les revêtements à base de chaux sont le modèle des membranes de nos vêtements techniques d’aujourd’hui :  imperméables pour l’eau de ruissellement mais respirants c.a.d. perméables à la vapeur d’eau provenant de l’intérieur.

Généralement sous nos climats, des débords de toitures plus ou moins larges protègent les murs à moins que les conditions de vent ne le permettent pas ( dans le cas risque d’arrachage de la toiture par prise au vent de l’avancée)

Les avancées de toiture dans certaines régions, permettent aussi de maintenir une activité dehors malgré la pluie ou la neige ; on vit le plus possible à l’extérieur !

Ces avancées sont aussi utilisées pour le séchage des différents produits agricoles et combustibles.

En toute état de cause, les volumes répondent aux conditions du microclimat et à une longue expérience ; il y a quelques années, près de chez moi, tous les toits, dont le sens n’était pas celui des vieilles fermes, se sont envolés ! Le sens du faîtage a donc une grande importance y compris quant’ à la pénétration des rayons du soleil l’hiver, sous nos climats .

On habite très rarement dans la toiture qui sert éventuellement au séchage du foin, (le foin étant par ailleurs un excellent isolant). Les toitures sont largement ventilées et respirent donc. Une autre réponse possible à la non utilisation des combles comme lieux de vie vient des ondes dues aux formes ; ces dernières sont un problème dans les combles aménagés (ce que dit aussi le Feng Shui)

Les structures sont apparentes et accessibles; on ne cache rien et chaque élément participe  à l’esthétique de l’ensemble .

Concernant les matériaux de construction, sont exclusivement utilisées les ressources locales; il n’est pas question de transporter les matériaux sur de longues distances. (sauf pour certains édifices à caractère public, politique ou religieux )

Les matériaux ne sont pas ou peu transformés ou modifiés chimiquement.

Les matériaux sont assemblés généralement sous forme d’éléments qui gardent une grande souplesse entre eux, ce qui permet des mouvements et, est sans conséquence en cas de  tassements différentiels. Dans les maçonneries les liants comme la chaux assurent cette souplesse.

Les maçonneries sont employés en fondation et souvent aussi en soubassement d’ossature bois pour les protéger de l’humidité et de l’eau de rejaillissement.

Les pierres sont posées selon leur lit (selon leurs polarités) Quand elles sont mal posées, elle sont donc en “délit”;  suivant la nature des pierres, l’eau peut alors les pénétrer jusqu’à les détruire.

Le Bois : avant l’abattage il était le plus souvent écorcé. L’abattage avait lieu en hiver quand la sève ne monte plus et en lune descendante.

Selon l’essence, on lui enlevait alors  son aubier ; puis il était souvent trempé, dans des étangs ou autres bassins et barrages des scieries, pendant de nombreux mois, ce qui le débarassait de toute sève et acides.

Il était séché selon ses polarités. Il devenait alors pratiquement inattaquable par les insectes et champignons et pouvait résister des siècles; beaucoup de vieilles charpentes ne sont-elles pas constituées de bois de réemploi ?

Les bois étaient positionnés selon leur polarité. Les poutres étaient généralement sur appuis libres donc sans encastrement (dans le cas contraire de l’humidité emprisonnée peut aller  jusqu’à la destruction les bois.) Les végétaux sont largement employés en guise de torchis, voir en toiture.

L’emploi de tous ces éléments relève du bon sens ; et beaucoup sont aujourd’hui enfin redécouverts et intégrés dans des démarches comme la  “géobioconstruction” et la démarche HQE .

Citons pour finir cette phrase de R.A. Schwaller de Lubicz, tiré de son ouvrage Le Temple de l’Homme (1957)

“L’homme de nos jours est esclave de ses appareils dont il fait un but au lieu de les considérer seulement comme moyen d’aide et de contrôle éventuel : l’homme s’est éloigné de la Nature par orgueil… Les Anciens restaient avec la Nature, pensaient avec elle et, sans moyens extraordinaires, se jouaient de la matière.”