A propos du développement durable, le nouvel habit politiquement correct de la croissance !

Qu’il soit de droite comme de gauche, les hommes politiques n’ont qu’un seul objectif : la croissance qui serait sensée tout résoudre de manière automatique pour tous. (de même les journaux qui se prétendent neutre politiquement et s’interrogent, ce pendant sur la croissance !)

La croissance est un mythe parfaitement irréaliste dans un monde limité !

Le mot développement pose problème car, qu’elle que soit l’adjectif qu’on lui colle, le développement reste le développement ! le qualifier de durable relève de l’imposture aussi bien conceptuellement que pratiquement (encore une fois pour être durable, il faudrait un monde sans limite; Gilbert Rist dans son article “L’invention du développement “ paru dans L’Ecologiste N°6 , montre l’homologie de discours entre celui sur le développement (discours de Truman en 1949)  et celui du christianisme, cette homologie, ayant permise son adoption

: Aux peuples qui vivent dans la misère et la faim une “bonne nouvelle” est annoncée: le “salut” viendra du “développement” ; Avec toujours plus d’énergies, de travail, d’investissements, de libre échange “s’ouvrira une ère de bonheur, de paix et prospérité dont tous profiteront” .

57 ans plus tard, les résultats sont peu probants ! Le TCE et l’interprétation positive qui en a été faite, nous a resservi, finalement, le même discours ! (depuis, le traité est passé par l’intermédiaire des « soit-disant» représentants du peuple ! )

Il faut savoir tirer les leçons de l’histoire ! Serge Latouche, dans le même numéro montre que “développement” et “environnement” sont deux notions incompatibles ; comme l’a dit, lui même, le président Jacques Chirac à Joannesbourg : “Si l’humanité entière se comportait comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires pour faire face au besoins*”

En fait, pour leur propre développement, les pays riches – les multi-nationales – pillent, sur intervention de la Banque Mondiale, du FMI , de l’OMC et même de l’Europe, les pays en “développement” (sic!) qui sombrent un peu plus dans la misère (voir livre de J. Ziegler publié en 2002 chez Fayard)

La croissance qui n’est économique, ne résoud plus rien ; en France la croissance n’est dûe qu’aux importations et aux consommations téléphoniques;  même en Chine, le même point de croissance ne crée  plus que le tiers des emplois d’il y a quelques années! L’Organisation mondiale du travail, fin 2005 a indiqué qu’un point de croissance ne ‘produisait” plus que 0,3 point d’emploi. A ce taux là, il nous faudrait en France 30% de croissance pour résoudre le problème du chômage. La croissance nous mène droit dans le mur, ne serait-ce que pour des raisons de limites physiques d’approvisionnement énergétique, sans parler de son cortège d’exclusions divers.

Attention, l’explosion du prix du baril ne fait que commencer ! .Nous aurions déjà atteint le Pic de Hubbert – Hubbert étant un spécialiste des questions pétrolières; ce pic correspond au maximum de quantité de pétrole produit ( après le pic, l’exploitation du pétrole va décroitre ) ; comme la demande au niveau mondiale devient plus importante que l’offre, nous allons vers une crise énergétique sans précédent. (voir Lettre de l’ASDER mai 2005)

Un rapport récent de l’OCDE se nomme : “Save oil in a hurry” (= économiser le pétrole avec célérité! )

La notion de développement durable est à l’origine, en France, de la HQE – Haute Qualité Environnementale; La HQE  est une démarche volontaire proposée par une association ;  cette démarche  vise à maîtriser le plus possible les impacts des constructions sur l’environnement et “à créer un environnement intérieur sain et confortable” en  proposant 14 objectifs à atteindre, divisés en 4 thémes : Ecoconstruction, Ecogestion, Confort et Santé ;

Mais la HQE ne peut-elle pas être considérée comme une récupération technocratique d’idées écologiques pour finalement continuer à faire à peu près comme avant et tout justifier, derrière un vernis tout vert ? ; d’ailleurs le budget du ministère de l’environnement est très révélateur :  29% est consacré au financement de l’organisme de radioprotection nucléaire!  94 % des crédits de recherche du même ministère sont consacrés au … nucléaire ! (source AFP)

*Discours du  président Jacques Chirac à Johannesbourg le 2 septembre 2002 :

“Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs.

La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l’admettre.

Elle souffre du mal développement au nord comme au sud, et nous sommes indifférents.

La terre et l’humanité sont en péril et nous en sommes tous responsables.

Il est temps d’ouvrir les yeux.

Sur tous les continents, des signaux d’alerte s’allument. (…)

Nous ne pourront pas dire que nous ne savions pas !

Prenons garde que le vingt et unième siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui du crime de l’humanité* contre la vie. (…)

Si l’humanité entière se comportait comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires pour faire face au besoins”

Si nous sommes tous effectivement responsable, ”l’humanité” ici serait plutôt la Banque Mondiale, le FMI , l’OMC , l’Europe “ les seigneurs de la honte” comme les appelle Jean Zigler  et tous les dirigeants politiques qui prennent des décisions en notre nom, bien souvent sans que nous les ayons  mandaté pour cela.

On ne peut pas dire que l’on se contente des seuls discours puisque, et c’est une chose qui pourra être mis au crédit de Jacques Chirac, la Charte de l’Environnement fait maintenant parti de la Constitution française ( à noter que le parti socialiste ne l’a même pas cautionné! )

y est inscrit  le principe de précaution ; même s’il est très encadré, il faut le mettre en œuvre pour le nucléaire dont les dégâts sont, en cas de sinistre du genre Tchernobyl, “graves et irréversibles”.

De grands Pays européens ont fait le choix de sortir du nucléaire, pourquoi pas aussi la France?

La France dit qu’elle est en avance pour le respect des accords de Kyoto puisque son parc nucléaire n’émet pas de C02! Officiellement – position du CEA & l’AIEA – Tchernobyl, c’est moins de 30 morts ! (réévaluer en 2005 à 42morts !) Or pour éviter la catastrophe – à 3 jours près l’Europe entière aurait fini par être dévastée –fusion du réacteur–  800 000 “liquidateurs” militaires principalement (donc contraint par la dictature soviétique de l’époque) ont été nécessaire pour construire le sarcophage salvateur . . . provisoire! (beaucoup sont morts dans des conditions atroces; leurs femmes leur lavaient directement les os – le stade des eschares étant dépassé ! – Il y a un film la dessus et ce n’est malheureusement pas de la science fiction! (sources : CRIIRAD & Colloque internationale: « contaminations radioactives et protection des populations »  Lyon 1 & 2 avril derniers (2006)- Conseil Régional Rhône Alpes) Quand le même genre de catastrophe se produira en France, trouvera -t’-on,  800 000 français prêts au sacrifice ?